​Les lootboxes de trois jeux vidéo contraires à la législation relative aux jeux de hasard

le mercredi 25 avril 2018 09:33 Communiqué de presse

A la demande du Ministre de la Justice Koen Geens, la Commission des jeux de hasard a mené une enquête approfondie sur les lootboxes (« coffres à butin ») dans certains jeux vidéo. Contre paiement, les joueurs peuvent acheter une « lootbox » - susceptible de leur apporter un avantage dans le jeu - sans en connaître à l’avance le contenu. La Commission des jeux de hasard a estimé que ceci était contraire, assurément dans trois jeux vidéo, à la législation relative aux jeux de hasard. Selon le Ministre de la Justice Koen Geens, « une discussion avec le secteur s'impose. Ce sont souvent des enfants qui se retrouvent confrontés à de tels systèmes et cela est inacceptable ».

Récemment, la question des lootboxes a été soulevée dans les médias lors du lancement du jeu vidéo « Star Wars Battlefront II ». Ce jeu permettait aux joueurs d’acheter un avantage par le biais d’argent réel sans en connaître le contenu. Étant donné l’importance de la protection des mineurs et des joueurs vulnérables, cet aspect était très préoccupant. C’est la raison pour laquelle le Ministre Geens a réclamé une enquête auprès de la Commission des jeux de hasard.

Cette Commission a étudié quatre jeux vidéo : Star Wars Battlefront II, Overwatch, FIFA 18 en Counter Strike : Global Offensive. Ils font tous partie des jeux de type AAA, à savoir des jeux vidéo qui concernent des millions de personnes dans le monde, souvent conçus par de grands studios. Ces jeux sont liés à un système de classification propre (PEGI). Ce système évalue le contenu des jeux vidéo, mais n’évalue pas s’il est question de mises, de gains ou de pertes systématiques de sommes d’argent réel.

Toutefois, les développeurs utilisent de plus en plus souvent des systèmes qui incitent les joueurs à manier de l’argent réel une fois qu'ils ont acheté un jeu. La Commission des jeux de hasard a notamment examiné :  

  • la perspective émotionnelle de profit : L’incertitude des lootboxes est liée à une perspective de profit. Un joueur peut penser que l’achat d’une lootbox lui apportera un avantage, ce qui n’est pas toujours le cas ;
  • le mélange entre fiction et réalité : De réels personnes connues font la promotion des lootboxes les plus onéreuses ;
  • l’utilisation d’un système de monnaies distinct : Les joueurs peuvent acheter des monnaies virtuelles pour une réelle somme d’argent ;
  • des méthodes visiblement illimitées afin de verser de l’argent sur le compte des joueurs ;
  • la dissimulation d’un générateur aléatoire ou à tout le moins, son opacité.
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Pour aborder le sujet du jeu de hasard, la Commission des jeux de hasard a recours à quatre paramètres. Est-il question d'un élément qui invite au jeu ? Une mise peut-elle mener à un gain ou une perte ? Le caractère aléatoire joue-t-il un rôle dans le déroulement de jeu ? En ce qui concerne FIFA 18, Overwatch et Counter Strike : Global Offensive, la Commission des jeux de hasard a estimé que le système des lootboxes constituait un jeu de hasard qui est soumis à la législation belge relative aux jeux de hasard. Peu après le lancement de son jeu, le créateur de Star Wars Battlefront II a effectué quelques adaptations permettant au système des lootboxes de ce jeu de ne plus être techniquement considéré comme étant un jeu de hasard.

Même si le système des lootboxes des trois autres jeux vidéo peut être considéré comme tel, la protection des joueurs fait systématiquement défaut. Il est inquiétant de savoir qu’il s’agit régulièrement de joueurs mineurs d’âge. La dissimulation des jeux de hasard est de surcroît problématique dans le cas des enfants. Si aucune intervention appropriée n’est effectuée, les jeux de hasard dans les jeux vidéo nuiront gravement aux personnes, aux familles et à la société.

Les jeux incluant des lootboxes payantes qui ont été analysés, tels que ceux actuellement en vente dans notre pays, enfreignent dès lors la législation relative aux jeux de hasard et peuvent être attaqués sur le plan pénal. Les lootboxes doivent donc être supprimées, sans quoi les exploitants s’exposent à une peine de prison allant jusqu’à cinq ans et une amende pouvant atteindre 800.000 euros. Lorsque des mineurs sont impliqués, ces peines peuvent être doublées.  

Le Ministre de la Justice Koen Geens souhaite donc entamer un dialogue dans les plus brefs délais, tant avec les concepteurs, les exploitants qu’avec la Commission des jeux de hasard. Ensemble, il est possible d’examiner qui doit prendre ses responsabilités à quel sujet. « Le mélange des jeux vidéo avec les jeux de hasard, surtout à un âge précoce, représente un danger pour la santé mentale. Nous avons déjà pris de nombreuse mesures visant à protéger tant les personnes mineures que les personnes majeures, notamment de l'influence des publicités faites aux jeux. C’est la raison pour laquelle nous devons également nous assurer que les enfants et les adultes ne soient pas confrontés à des jeux de hasard lorsqu’ils cherchent juste à s’amuser dans un jeu vidéo ».  

Peter Naessens, directeur de la Commission des jeux de hasard : « Les lootboxes ne sont pas des éléments inoffensifs des jeux vidéo et se présentent en fait comme jeu de hasard. Les joueurs sont tentés et induits en erreur et aucune des mesures de protection en matière de jeux de hasard n’est applicable. Maintenant qu’il est clair que ce sont particulièrement les enfants et les personnes vulnérables qui y sont exposés sans aucune protection, les concepteurs de jeux ainsi que les parties prenantes, telles que la FIFA par exemple, sont appelés à mettre un terme à cette pratique ».