Follow the money pour lutter contre la traite et le trafic des êtres humains

le jeudi 30 août 2018 07:00 Communiqués de presse

On touche les criminels en plein cœur via leur portefeuille et on les détecte en exposant leurs flux financiers. C’est la raison pour laquelle le ministre de la Justice Koen Geens, conjointement avec Febelfin et la Cellule de traitement des informations financières (CTIF), lance une brochure informative visant à renseigner le secteur bancaire de notre pays sur la manière de détecter rapidement l’argent du crime des passeurs et des trafiquants d’êtres humains. La police et le parquet peuvent ainsi intervenir efficacement.

La traite des êtres humains est la troisième source de revenus des criminels, après le trafic d’armes et le trafic de drogues. Il peut par exemple s’agir d’exploitation sexuelle, de travail dans des conditions inhumaines et d’exploitation de la mendicité. Pour les organisations criminelles, le trafic des êtres humains est une façon de gagner de l’argent sur le transport et l’hébergement illégaux des migrants sur le territoire de l’Union européenne.

Dans les deux cas, les transactions bancaires peuvent permettre de démasquer ces organisations criminelles, d’identifier les auteurs et d’aider plus rapidement les victimes. La brochure informative énumère les différents indicateurs susceptibles d’aider à détecter les transactions suspectes.

Les sommes d’argent blanchies peuvent peser très lourd et sont souvent réinvesties en avoirs ou en bien immobilier. La loi prévoit que les banques doivent signaler les transactions susceptibles d’être des opérations de blanchiment à la CTIF. La brochure vise à donner un aperçu plus précis des types de transactions frauduleuses pouvant provenir de la traite ou du trafic des êtres humains. Leurs signalements peuvent se révéler déterminants pour la survie de nombreuses organisations criminelles.

La brochure a été élaborée en réaction aux plans d’action contre la traite et le trafic des êtres humains, en concertation avec la CTIF, Febelfin, la police fédérale, le Collège des officiers de Justice et le SPF Finances.

En 2017, 3.285 transactions suspectes à diverses fins criminelles ont été signalées à la CTIF, pour un montant total de 1,4 milliard d’euros. Il a été question de 103 signalements concernant la traite des êtres humains et trafic de personnes, valant au total 12,84 millions d’euros. Le crime organisé a fait l’objet de 384 signalements, à hauteur de 137,44 millions d’euros.

 

Le Ministre Geens : « La traite et le trafic des êtres humains sont des infractions graves qui ont des répercussions très lourdes sur les victimes. Une coopération avec le secteur bancaire doit permettre aux banques de signaler plus rapidement des flux financiers suspects à la Justice. Le principe « follow the money », à savoir la détection et le traçage des flux financiers, est crucial afin de poursuivre les organisations criminelles. Nous ne pouvons pas tolérer que des criminels gagnent leur vie par ces pratiques scandaleuses ».

 

Karel Van Eetvelt, CEO Febelfin: “Les banques prennent au sérieux leur rôle dans la lutte contre la criminalité financière. Elles ont conscience de jouer un rôle crucial dans la lutte contre le trafic des êtres humains. Cette collaboration aidera les banques à détecter et à signaler encore plus rapidement les fonds provenant de la traite et du trafic des êtres humains. Les criminels et trafiquants d’êtres humains sont très ingénieux et s’adaptent rapidement. C’est pourquoi il est vital que la justice et le secteur bancaire s’informent mutuellement des pratiques criminelles et collaborent pour mettre celles-ci au jour.”

 

Philippe de Koster, Président de la CTIF : « la CTIF joue un rôle important dans la réception et l’analyse d’informations financières en rapport avec le trafic et la traite des êtres humains et transmet au parquet des dossiers de blanchiment de capitaux issus de ces activités criminelles. La CTIF souhaite autant que possible partager cette expertise avec les établissements financiers pour ainsi les aider à détecter les opérations suspectes. »