14 pays européens observent comment la Belgique gère la radicalisation au sein des prisons

le jeudi 14 mars 2019 07:00 Communiqués de presse

Ce 14 et 15 mars se tiendra à Bruxelles l’atelier pour les directeurs de prison et les décideurs politiques d’EuroPris (l’Organisation européenne indépendante des services pénitentiaires et correctionnels). Cette année, l’accent est mis sur la radicalisation au sein des prisons. L’intérêt porté par d’autres pays européens est considérable. Cette semaine, 14 pays européens sont venus à Bruxelles échanger des conseils et des expériences.

Avant les attentats du 22 mars 2016, la Belgique abordait déjà le thème de la radicalisation des détenus. Ces trois dernières années, le travail s’est toutefois accéléré, ne fût-ce que parce que les détenus seront un jour libérés.

Tant au niveau européen qu’au niveau belge, des formations spécifiques sont prévues pour le personnel pénitentiaire chargé de la surveillance. Divers pays ont questionné la Belgique en tant qu’expert en formations sur la reconnaissance des détenus radicalisés. A cet égard, la concertation est cruciale afin d’échanger conseils et expériences.

Apprentissage en ligne

Récemment, le ministre de la Justice Koen Geens a effectué une visite à la prison de Malines. Il y a recueilli des informations sur le module d’apprentissage en ligne proposé à l’ensemble des agents visant à détecter des signes de radicalisation. Le module se concentre sur la détection de trois formes différentes de radicalisation : les convictions religieuses extrémistes, les idées d’extrême droite et les idées d’extrême gauche.

Koen Geens : « Je comprends fort bien que les citoyens se posent des questions sur la libération d’une personne liée au terrorisme. J’aimerais malgré tout leur assurer que nous mettons tout en œuvre au sein des prisons afin de détecter les signes de radicalisation. Ce sujet est d’office abordé dans la formation de base dispensée aux nouveaux agents. Toutefois, les agents déjà actifs au sein des prisons peuvent aussi se former via le module d’apprentissage en ligne afin de s’armer correctement contre la radicalisation. Notre sécurité est une mission dévolue à tout un chacun ».

Le module se penche respectivement sur la reconnaissance des signes de radicalisation, l’observation du processus de radicalisation et la connaissance du cadre légal relatif à la radicalisation. A la suite de ces étapes éducatives, le module d’apprentissage en ligne se compose d’exercices pratiques. L’agent peut ainsi se tester et voir s’il a suffisamment appris afin de reconnaître les caractéristiques de l’extrémisme. C’est là une bonne méthode qui permet aux agents de s’exercer et qui vise à dispenser plus rapidement une formation. Assurer physiquement des cours à tout le monde prendrait 5 ans.

Outre ce module d’apprentissage en ligne, d’autres formations ont été dispensées. Dans la formation de base, des cours relatifs à l’extrémisme et à la radicalisation sont donnés aux primo-employés. Dans l’intervalle, 456 agents ont reçu cette formation et 70 agents ont reçu une formation plus approfondie car ils sont employés au sein de sections spécialisées. A Bruges, 51 agents se sont vus dispenser la formation portant sur la radicalisation car ils travaillent au sein de la section du régime de sécurité individuel général. Il n’est pas juste d’affirmer que cette section renferme uniquement des détenus présentant un profil terroriste. Il se peut effectivement qu’ils posent un risque pour la sécurité du personnel et d’autres personnes. C’est pour cette raison qu’une formation spécifique est organisée pour ces agents.

Le Directeur général des Etablissements pénitentiaires, Rudy Van de Voorde : « La Belgique joue un rôle de précurseur dans la lutte contre les détenus radicalisés. C’est en Belgique que le module en ligne a été en premier lieu implémenté. Divers groupes de personnel ont testé des programmes d’entrainement au sein des établissements pénitentiaires et les ont transférés à plusieurs partenaires en Europe ».

Coordinatrice des projets internationaux et porte-parole de la DG EPI, Kathleen Van De Vijver : « Le feed-back du terrain nous a permis d’affiner les programmes d’entrainement, les rendant plus spécifiques et davantage ciblés sur la pratique. Cela démontre l’importance de la coopération internationale au sein des organisations, telles qu’EuroPris, pour la Direction générale EPI ».

Le module d’apprentissage en ligne a vu le jour avec l’aide de fonds européens. C’est un montant de 379.000 euros issu du « Internal Security Fund » qui a été octroyé. Chaque année, des journées d’étude et des formations sont prévues pour les directions, les services psychosociaux et les conseillers islamiques.