La Belgique va tester les maisons de transition

le jeudi 26 novembre 2015 15:16 Le Soir

Bientôt des maisons de transition en Belgique ? Au niveau fédéral, un projet existe sur papier à Haren, en lisière de la mégaprison de 1200 places qui doit remplacer, d'ici 2018, les actuels établissements pénitentiaires de Saint-Gilles, Forest et Berkendaal.

Dans ce cas précis, il s'agira de petites maisons communautaires – ouvertes – pour femmes, avec une capacité totale de 60 places, situées en dehors du complexe pénitentiaire. Les détenues pourront travailler à l'extérieur, cuisiner, entretenir un potager… Bref, vivre aussi normalement que possible avant de reprendre pied dans la société.

Un projet-pilote fédéral…

Mais avant cela, le ministre fédéral de la Justice, Koen Geens (CD&V), espère mettre en place un projet-pilote centré sur une détention à petite échelle. Il devra, au préalable, faire adopter son masterplan prisonsIII par le conseil des ministres. Si l'essai est concluant, d'autres "maisons" du genre pourraient voir le jour. La localisation de ces nouveaux lieux de détention sera "screenée" en profondeur et le choix sera fait en concertation avec tous les acteurs, y compris le voisinage, insiste-t-on au cabinet Geens. Où on plaide en faveur de ces "petites prisons" pour les détenus qui recouvreront bientôt la liberté. "Il est préférable qu'ils soient encadrés au cours de la dernière période de leur peine plutôt que d'être relâchés sans bagage dans la société , argumente-t-il. Il s'agit de préparer la réintégration de détenus en fin de peine ou sous surveillance électronique."

Reste que le sujet ne concerne pas le seul niveau fédéral. A la suite de la 6eréforme de l'Etat, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a la responsabilité des Maisons de justice et de la réinsertion des ex-détenus dans l'objectif de limiter la récidive.

… et un projet-pilote francophone

La déclaration politique communautaire évoque d'ailleurs un projet similaire calqué sur l'exemple canadien. Rachid Madrane (PS), ministre en charge des Maisons de justice et de l'Aide à la jeunesse, revient précisément d'une mission au Canada (lire ci-contre) où il a pu visiter deux centres résidentiels communautaires (CRC). "Ce modèle me semble tout à fait intéressant , expose-t-il. Il ne faut jamais se priver de s'inspirer de ce qui se fait à l'étranger. Il y a toujours de bonnes pratiques à trouver."

Si, en Belgique, des dispositifs sont mis en place pendant et après la détention (les services d'aide aux détenus, les services psycho-sociaux des prisons, les services d'aide aux justiciables…), il n'existe pas, comme au Canada, un sas entre la prison et le retour dans la société. Or c'est précisément à la libération que surviennent les moments les plus critiques, où les ex-détenus risquent le plus de retomber. "C'est un maillon important de la chaîne judiciaire qui n'existe pas chez nous. Cela ne veut pas dire que le modèle doit être transposé tel quel. Nous devons nous approprier ces expériences, les adapter à notre système et à notre philosophie", indique Rachid Madrane. Qui a l'intention de mettre sur pied un projet-pilote, qui pourrait servir de modèle à développer sur l'ensemble du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

An.H.