Des équipes spécialisées dans 5 prisons

le vendredi 27 novembre 2015 11:27 La Libre Belgique

C'est avéré : les prisons sont un terreau potentiel pour la radicalisation et le recrutement d'apprentis terroristes. En mars 2015, le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), annonçait un plan d'action énergique pour lutter contre ce phénomène. Le voici bouclé : il entrera en vigueur intégralement d'ici la fin décembre. En voici les points essentiels.

1 Une approche graduelle . Quelque 70 personnes, condamnées pour des faits liés au terrorisme, sont incarcérées dans les prisons belges. Tous ces détenus ne sont pas radicalisés. Mais il y a, parmi eux, des "meneurs" ou des "incitateurs", qui tentent d'entraîner d'autres détenus dans la folie djihadiste. Derrière les barreaux, certains islamistes convaincus se tiennent à carreau; d'autres font ouvertement du prosélytisme; d'autres encore sont des suiveurs, des délinquants de droit commun, qui n'étaient pas radicalisés à l'entrée, mais qui, coupés du monde extérieur, ont été entraînés sur la mauvaise pente… Ils seront traités différemment, selon leur degré de radicalisation.

2 Une formation pour tout le personnel . Première priorité : détecter les signes de radicalisation. "Au sein des prisons, tout le monde doit être vigilant. Des formations concernant la radicalisation sont en cours pour l'ensemble du personnel qui travaille dans les établissements pénitentiaires" , assure-t-on au cabinet de Koen Geens. Des gardiens aux directeurs, en passant par les membres de services psycho-sociaux (SPS), les représentants du culte islamique, etc. Une cellule "antiradicalisation" a été mise sur pied au sein de l'administration pénitentiaire.

3 Quatre phases. A partir de là, on évaluera comment prendre en charge les détenus chez qui on a décelé l'une ou l'autre forme de radicalisation. - Si elle est considérée comme légère , les services psychosociaux interviendront au sein de la prison. – Si elle est jugée plus problématique et qu'un accompagnement plus intensif s'impose, le détenu sera pris en charge dans un des 5 établissements pénitentiaires (Gand, Bruges, Andenne, Lantin et Saint-Gilles) qui disposeront d'équipes spécialisées ("équipes satellites" en néerlandais). Soit, dans chaque cas, deux membres des SPS (un assistant social et un psychologue) et deux directeurs qui auront tous suivi une formation spécialisée. – Pour les détenus qui présentent un risque sérieux de contamination des autres prisonniers, deux sections "djihadistes" de 20 places ont été prévues dans les établissements pénitentiaires d'Ittre et de Hasselt. Elles ouvriront d'ici la fin de l'année. La formation à la déradicalisation est en cours pour tous les agents pénitentiaires qui devront officier dans ces ailes très spécifiques, indique-t-on au cabinet du ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V). - Les détenus violents seront quant à eux dirigés vers un quartier de haute sécurité (à Bruges, notamment).

An.H.