Un premier centre de long séjour pour 30 internés

op 17 september 2015 14:41 La Libre Belgique

Dans le circuit de la psychiatrie légale, la Belgique manquait cruellement d'un service pour prendre en charge, en milieu résidentiel, des internés dont il n'est pas imaginable qu'ils réintègrent un jour la société. Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V) et sa collègue des Affaires sociales et de la Santé, Maggie De Block (Open VLD) ont annoncé mercredi l'ouverture prochaine de quatre structures pour héberger ces patients particuliers (dont une réservée aux femmes).

Projet-pilote

Le premier projet-pilote verra le jour, au printemps 2016, au Centre psychiatrique universitaire Sint-Kamillus, à Bierbeek (Brabant flamand), qui ouvrira une section de 30 places. Un projet analogue devrait être mis sur pied à brève échéance en Wallonie, ajoute la ministre De Block. Les internés pour lesquels il n'existe plus de traitement thérapeutique permettant d'envisager une réintégration dans la société y bénéficieront de soins personnalisés, hors de la prison, dans un environnement médical et sécurisé.

Irresponsables

Les internés sont des gens qui ont commis un délit ou un crime, parfois gravissime, mais que la justice a jugés "dans un état grave de déséquilibre mental ou de débilité mentale le(s) rendant incapable(s) du contrôle de (leurs) actions" . Irresponsables, donc, en raison de leur état mental.

L'internement n'est pas considéré comme une peine – l'irresponsable échappe à la sanction pénale – mais comme une mesure de sécurité sociale et d'humanité, dont le but est de mettre la personne hors d'état de nuire et, en même temps, de le soumettre, dans son propre intérêt, à des soins psychiatriques.

On compte plus de 4 000 internés en Belgique, dont un gros quart (1 100) sont aujourd'hui parqués dans les annexes psychiatriques des prisons, sans soins ou sans soins appropriés.

Haut risque de récidive

Une situation qui a déjà valu à la Belgique pas moins de 14 (!) condamnations par la Cour européenne des droits de l'homme alors que 32 affaires y sont actuellement pendantes, rappelle franchement le ministre Geens. "Ce nouveau service "long stay", qui comble un maillon manquant, contribuera au flux sortant des internés de nos prisons, en tenant compte du risque de sécurité pour la société et les victimes" , explique-t-il.

Les centres de long séjour viennent donc compléter l'offre de soins, hors des établissements pénitentiaires, proposée par les centres de psychiatrie légale de Gand (264 places) et d'Anvers (en cours : 182 places) pour les internés en vue de leur réintégration dans la société. "Mais dans certains cas, les patients ne peuvent pas être soignés avec un objectif de réinsertion sociale. Parce qu'il y a un haut risque de récidive. Parce qu'il n'existe pas de traitement thérapeutique ou parce qu'eux-mêmes refusent une prise en charge. Mais on ne peut pas les abandonner à leur sort. Ces services proposeront à ces personnes des conditions de vie décentes dans un milieu résidentiel de longue durée" , détaille encore Koen Geens.

On estime qu'entre 60 et 100 internés pourraient être concernés par un accueil "long stay". La décision d'orienter le patient vers tel ou tel service revient dans tous les cas à la commission de défense sociale.

Annick Hovine