Joie des détenus

op 28 mei 2016 10:44 Le Soir

C’était jusqu’à la missive reçue ce vendredi dans les établissements pénitentiaires : « vu la durée de la grève, le ministre de la Justice a décidé de mettre en congé certains détenus bénéficiant de congés pénitentiaires », y est-il annoncé. « La décision est prise pour raisons humanitaires », confirme Sieghild Lacoere, porte-parole du ministre Geens. Les conditions d’octroi de ces congés sont très strictes : le détenu doit séjourner dans une prison concernée par la grève longue, il doit déjà bénéficier de congés pénitentiaires, il doit avoir déjà obtenu un cycle de congés sans problèmes, c’est-à-dire au moins trois congés successifs, généralement en un trimestre. Il ne doit en outre pas avoir été condamné pour un crime ayant conduit à la mort, pour des faits de mœurs ou de terrorisme, et le total des peines en exécution ne doit pas dépasser dix ans. « Il est très difficile pour les détenus de recevoir des visites, et cela devient particulièrement pénible, humainement. Les détenus qui bénéficient de ce congé pénitentiaire exceptionnel auront ainsi une longue visite à la maison », poursuit la porte-parole de Koen Geens, qui ajoute que cela pourrait aider les établissements pénitentiaires, épaulés par la police, l’armée et la protection civile, à mettre sur pied des visites au sein de la prison pour ceux qui ne bénéficient pas de la mesure fraîchement décidée.

La missive a provoqué « des explosions de joie » chez ceux qui ont pu, presque illico, remballer quelques effets et quitter la cellule dans laquelle ils étaient véritablement confinés depuis un mois. Elle a aussi suscité de « grosses déceptions », nous confie-t-on dans les établissements pénitentiaires, chez ceux qui étaient tout près des conditions : « si le total des peines est de dix ans et deux mois, on ne peut rien faire… il faut bien mettre une limite quelque part », explique un responsable de prison.

LAURENCE WAUTERS