​Trente investigateurs pour finir l’enquête sur les Tueries

op 07 februari 2018 10:53 Le Soir

Le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) a annoncé mardi en commission Justice de la Chambre le doublement des effectifs d’enquêteurs affectés à l’enquête sur les Tueries du Brabant.

Le nombre d’enquêteurs sera porté à 30, après avoir déjà été hissé à 11 au lendemain de la révélation, en octobre dernier, des « confidences post-mortem » de l’ex-gendarme d’Alost Christian Bonkoffski qui aurait avoué à son frère avoir été le « Géant » de la Bande des tueurs. Cet accroissement de l’effectif d’enquête s’étalera dans le temps pour atteindre sa pleine capacité à l’issue de la remise d’un rapport d’analystes criminels prévu dans un délai de six mois. Quatre enquêteurs du Comité P sont déjà impliqués dans ce dispositif qui examine aussi l’implication éventuelle de membres des services de police dans la commission des tueries qui firent 28 morts entre 1980 et 1985.

Le ministre de la Justice a notamment justifié cette décision par l’accélération du temps avant la prescription qui sera acquise pour les auteurs dans 8 ans. « Pour aboutir à un procès et à des condamnations, il faudra compter 3 à 4 ans » si des auteurs sont identifiés et inculpés. Ce qui ne laisse que 4 ans pour confondre des suspects. Il y a donc une urgence rappelée par Koen Geens.

Quarante « infos rouges »

La juge d’instruction Martine Michel, de Charleroi, demeure en charge du dossier dont la gestion, côté parquet, sera impulsée par deux magistrats du parquet fédéral. Le procureur général de Liège (et ancien procureur du Roi de Charleroi) Christian De Valkeneer, qui assumait cette responsabilité depuis 2013 suite à l’admission à la retraite du procureur général de Mons Claude Michaux, a décidé de se retirer au profit du parquet fédéral, avec lequel une collaboration, qualifiée « d’efficace » par Koen Geens, existait déjà.

Le ministre de la Justice a précisé l’importance (en tout cas quantitative) des informations récoltées depuis octobre dernier : « 800 informations ont été recueillies via les différents canaux , a-t-il dit en commission Justice. 470 d’entre elles sont jugées dignes d’attention. Le reste relève du non-sens. 120 ont déjà pu être évaluées. 40 ont été classées rouges (prioritaires, NDLR). 80 sont à vérifier. 27 l’ont déjà été, certaines nécessitant des suites d’enquête. Une trentaine est encore en cours de vérification. En trois mois, les enquêteurs ont pu évaluer 120 informations sur 470. Il en reste dès lors 350. Les enquêteurs peuvent tabler sur six mois de travail pour évaluer ce qu’il reste, sans tenir compte de ce qui pourrait encore entrer. »

Pas de commission historique

Koen Geens s’est dit défavorable à l’idée de mettre en œuvre une « commission historique », semblable à celles mises en place pour les assassinats de Julien Lahaut ou de Lumumba, estimant prématuré de confier à des historiens une affaire toujours à l’instruction. Il a enfin annoncé, sans les préciser, que les « pistes périphériques » au dossier des Tueries seraient examinées.

MARC METDEPENNINGEN